Chaque été, Florence Le Corre et Philippe Person proposent un spectacle de sortie à leurs élèves de deuxième année au Lucernaire. Après nous avoir régalés l’année dernière avec Le Dindon, la jeune troupe confirme son talent comique en se lançant dans une féerie shakespearienne. En conservant le suc érotique et fougueux du Songe d’une nuit d’été, le duo de metteurs en scène ne s’embarasse pas de fioritures et va à l’essentiel. Le rythme apporté par les coupes met en valeur le talent d’une jeunesse qui en a sous le coude !

Une fête masquée bat son plein : les noces de Thésée et d’Hippolyta sont sur le point d’être célébrées. Tout se déroulerait à merveille si Obéron et Titania ne se disputaient pas. Pour punir son épouse de son insolence, le roi des Elfes décide de lui jouer un mauvais tour. Mais son serviteur Puck, décidément bien maladroit, multiplie les gaffes…

Dans ce chassé-croisé amoureux nocturne, les sens se révèlent déréglés par la magie et la sève du désir consume les êtres jusqu’à la moelle. L’intrigue, resserrée autour de ces appétits sexuels multiples, se donne à entendre de manière très physique. Les corps bondissent, agressent, se défendent, se caressent. Que d’action !

Forêt complice
La direction d’acteurs fait d’ailleurs la part belle à la fraîcheur d’une troupe complice. Bien que certains comédiens soient encore un peu verts dans leur jeu (et que les fées soient complètement cruches), l’ensemble crée une forte impression de cohérence. Encore une fois, Lucas Bottini se détache du lot en Puck punk diablotin à souhait. Sa bouille d’ange faussement innocent et son insatiable énergie n’en finissent pas de convaincre. Mention spéciale également pour Florine Leleu en exubérante Titania et pour Thomas Modeste, épatant en latin lover de pacotille et en niaise Thisbé.

Pour ne rien gâcher à la fête, la mise en abyme avec la représentation de Pyrame et Thisbé n’a pas été oubliée ! Les répétitions, puis le spectacle sont l’occasion d’une bonne tranche de rigolade, servie par des dialogues modernisés. Manon Hincker est très amusante en maîtresse des opérations qui n’arrive pas à tout gérer.

Si les riffs de la guitare électrique ont remplacé les intruments d’antan, les amours versatiles, elles, n’ont pas pris une ride. C’est dans ce labyrinthe des passions que nous conduit avec délice Florence Le Corre et Philippe Person. ♥ ♥ ♥

LE SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ de William Shakespeare. M.E.S de Florence Le Corre et Philippe Person. Théâtre du Lucernaire. 01 45 44 57 34. 1h25

© Jennifer Guillet