Au Studio-Théâtre, Elsa Lepoivre assume seule en scène un texte lourd de drames, de doutes et d’incompréhension. Séduite par le roman de Delphine de Vigan, Rien ne s’oppose à la nuit, la pensionnaire du Français s’est lancée dans une adaptation à quatre mains avec l’autrice. Intelligente et fine, cette vision fragmentée de l’œuvre entraîne le public dans les méandres d’une mémoire contrariée.

Rien ne s’oppose à la nuit, c’est la tentative de comprendre la psyché de Lucile, la mère de la narratrice. Une véritable énigme. L’idée est de remonter aux origines des motivations et du comportement de la figure maternelle. Le spectacle se présente comme une enquête policière visant à reconstituer les pièces du puzzle avec ses béances, ses failles, ses morts et ses absences.

Gracile et mouvante, Elsa Lepoivre insuffle une dignité pleine d’empathie à la prose de l’autrice. Au sein d’un dispositif scénique sobre, la comédienne donne vie à cette mythologie familiale à la fois si particulière et universelle. Une table, quelques chaises, un micro suffisent. Pas plus. La présence magnétique de la sociétaire, simplement habillée d’une chemise bleue et d’un jean, hypnotise. Elle sait nous cueillir et nous transporter. Sa voix mélodieuse et incarnée ne juge pas mais ausculte les zones d’ombre de cette famille avec la curiosité d’une exploratrice assoiffée de vérité. On se prend au jeu avec elle.

Rien ne s’oppose à la nuit – Fragments de Delphine de Vigan. M.E.S de Fabien Gorgeart. Studio-Théâtre (Comédie-Française). 01 44 58 98 54. 1h15. ♥ ♥ ♥ ♥

© Brigitte Enguérand

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