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Queen Foresti is back ! Après un décevant Florence Party Bercy (trop bling-bling et calqué sur l’entertainment américain), la reine de l’humour français renoue avec la veine intimiste de Motherfucker et se confronte à la crise de la quarantaine. L’occasion de dresser un bilan plutôt blasé sur une vie surmenée par l’éducation, le règne des stars trash et des réseaux sociaux. S’installant pour plus d’un mois et demi au Châtelet, l’humoriste signe un retour remarqué, percutant et féministe. Who run the world ? Girls !

Madame Foresti s’ouvre sur une Florence en pleine posture de yoga. Que voulez-vous, à quarante ans, il faut bien s’entretenir… Ce cap fatidique pour les femmes occasionne une crise désespérée chez notre working-girl débordée. N’arrivant plus à se situer, ni jeune ni vieille, elle oscille dans un entre-deux cocasse et problématique. Adorant la couture, les plaids, les tisanes, elle se rend compte avec effroi qu’elle représente le stéréotype de la lectrice de Marie-Claire.

Construisant son one woman show sur le fil rouge de ce passage à l’âge déterminant, Madame Foresti dresse un état des lieux débridé de la quarantaine. Convoquant les philosophes de l’Antiquité pour une réunion de crise, Florence Foresti constate que l’existence va mal, l’âge déclinant. Quoi de mieux que l’auto-dérision pour remédier à ce mal ?

Le nouvel écrin de l’ancienne chouchoute de Laurent Ruquier se situe totalement dans l’air du temps. Et justement, notre pauvre Florence se retrouve un peu larguée par la nouveauté… Dans un sketch savoureux, elle passe à la moulinette Twitter, rempli de fautes d’orthographes, et les lunettes en 3D. Ou bien critique le snobisme affiché des clients de Nespresso avec délectation. Toujours impayable dans ses imitations et ses mimiques (très animalières ici, avec un poisson, une gazelle ou un hippopotame), la dame fait son show avec le même sens de la décontraction vulgo-chic. Alors que Motherfucker dépeignait les joies et les misères de la maternité, Madame Foresti déglingue la dure tâche d’être une mère irréprochable. Fustigeant les « mères calmes », Florence borderline admire les mères de famille nombreuse et galère face aux devoirs de sa fille…

Constat d’une femme débordée et bordélique, Madame Foresti appelle aussi à un renouveau de la dignité de la femme. L’humoriste décortique et déglingue avec plaisir le phénomène Miley Cyrus et des icônes pop trash du moment. Déplorant l’absence de muses légitimes, elle conclut son numéro, façon Arletty, par une ode à la féminité glamour et élégante.

Pas de sketchs grandioses ici, pas de danseurs ou de chorégraphies spectaculaires. Foresti se réinscrit dans une tradition moins tapageuse et plus authentique. On retrouve la Florence Foresti que l’on chérit, débarrassée du superflu et recentrée sur ses thématiques fétiches comme les sujets de société et la place de la mère et de la femme. On sort revigorés et le sourire aux lèvres de ce Madame Foresti soigneusement écrit et follement interprété. Un seule en scène classe et sans chichi. N’hésitez pas même si le spectacle risque d’afficher complet… ! ♥ ♥ ♥ ♥